Votre jardin potager est infesté de fourmis, et ça vous inquiète.
Il y en a tellement, que vous vous demandez comment vous en débarrasser.
Le problème, c’est que :
- Elles pourraient voler vos semences : vous avez déjà vu des fourmis transporter des graines. Si ce sont les graines du potager, elles vont vous faire perdre du temps
- Elles vont manger vos salades et autres légumes “tendres”
- Elles vont se jeter sur vos fraises : en plus, elles adorent (et ont besoin) de tout ce qui est sucré
Il existe de nombreuses solutions pour faire fuir les fourmis. Par exemple, planter de la menthe, des œillets d’inde. Malheureusement, dans la réalité, ce type de solution ne fonctionne pas. Vous pourriez même voir des fourmis venir se poser sur vos œillets d’inde.
Pour certains, le marc de café est le plus efficace.
Les fourmis sont censés êtres irrésistiblement attiré par le marc de café. Mais, cela les empoisonne quand elles l’ingurgitent.
C’est assez violent quand même !
A la limite, quand les fourmis sont dans la maison, les méthodes fortes peuvent être compréhensibles.
Mais dans votre jardin potager, vous allez voir que dans 90% des cas, les fourmis ne poseront aucun problème.
Alors oui, leur nombre peut être impressionnant.
Oui, vous les avez déjà vu transporter des graines.
Oui, vous les avez déjà vu en train de manger vos fraises, ou autre.
Mais tout cela s’explique.
Et après ces explications, vous verrez que :
- il n’y a réellement qu’une seule raison qui peut vous pousser à “tuer” une fourmilière
- il existe une façon très simple pour protéger vos graines, au cas où les fourmis voudraient les prendre
- les fourmis qui mangent vos fraises sont l’indication qu’il y a des insectes bien plus dangereux pour vos légumes dans votre potager
Je n’essaie pas d’atténuer la présence des fourmis. J’aimerais simplement que l’on fasse la distinction entre nos craintes, et les vrais ravages des fourmis.
Car le problème des fourmis est triple :
- elles protègent les pucerons, qui eux, sont néfastes pour nos plantes
- le mauvais emplacement de la fourmilière peut nuire à une partie de votre culture
- et, selon votre localisation, vous avez de fortes chances qu’elles volent vos graines
Sommaire
Comment limiter les ravages des fourmis, sans les exterminer ?
Comme vu jusqu’ici, la fourmis peut faire des dégâts, même si ce n’est pas autant que ce qu’on pourrait se l’imaginer.
Il y a un concept que j’ai aimé dans Permaculture 1, c’est de faire la distinction entre les nuisibles (ici, les fourmis), et les situations nuisibles.
Souvent, on voit des fourmis, 3 fraises mangées, et on veut tout exterminer.
Et je le comprends tout à fait ! On fait tant d’efforts pour voir des insectes manger nos récoltes à notre place.
Dans mon cas, c’est les taupes. Elles commencent à arriver dans les planches de culture. Sur le coup, ce n’est pas la logique qui a parlé. Ça m’a mis en colère ! J’avais envie de la tuer, rien à faire de la biodiversité si elle venait m’embêter dans mon potager !
Puis je me suis calmée.
Est-ce que pour l’instant elle a causé de gros dégâts ?
Non.
Si elle cause des dégâts :
- Quels sont les légumes touchés ?
- En quelle quantité ?
- Que puis-je faire pour l’éloigner ? la capturer et la relâcher plus loin ?
Bref, vous avez compris l’idée.
Oui, on a tendance à s’énerver et à s’inquiéter.
Mais, avant de partir à la guerre, je vous propose qu’on identifie précisément les situations nuisibles, et qu’on essaie de les résoudre. Et, seulement en dernier recours, sortir la mitraillette et tout atomiser.
Voici ce que je vous propose de mettre en place, afin de lutter contre les fourmis :
- lutter contre les pucerons : généralement, c’est la situation qui pose problème. Les fourmis protègent les pucerons, qui sont nuisibles à nos plantations
- apprendre à déplacer une fourmilière : utile, surtout quand elle est placé dans un endroit qui nuit à votre culture
- apprendre à détourner l’attention des fourmis : ainsi vous allez pouvoir protéger vos semis, sans faire de gros efforts
Lutter efficacement contre les pucerons
Voir des fourmis qui grimpent sur vos plants de légumes n’a rien de négatif. Sauf … quand elles sont là pour protéger les pucerons.
Car les pucerons, contrairement aux fourmis, peuvent causer d’énormes dégâts sur vos cultures :
- affaiblissement de la plante : car les pucerons se nourrissent de la sève
- le miellat, quand il n’est pas récupéré par les fourmis, est vecteur de maladie
- les pucerons sont vecteurs de maladie diverses
(remarquez, même si ce n’est pas le sujet, l’utilité de la fourmi : elle récupère le millat pour le manger. Alors que si les fourmis n’étaient pas là, le miellat augmenterait le pourcentage de chance que la plante soit malade)
Vous connaissez la chanson : laissez les pucerons en place, ça va aussi attirer les gentilles coccinelles qui vont les manger.
OUI MAIS !
On ne va pas attendre que la plante soit vidé de toute sa sève !
Dès les premiers signes que la plante se fragilise, il faut agir :
- un coup de jet d’eau un peu puissant permettra de faire tomber les pucerons
- un mélange d’eau et de savon noir pour les tuer
Effectuer une de ces deux actions plusieurs fois, sur des jours différents, jusqu’à qu’il n’y ait plus de pucerons.
Il existe des bandes de glue pour bloquer l’accès des fourmis aux pucerons, mais, bien que ce soit efficace :
- ça me parait bien compliqué de mettre des bandes de glue sur tous ses plants de légumes ! Autant faire du cas par cas. Et dans ce cas, utiliser un jet d’eau paraît bien plus simple
- mettre de la glue part du présupposé que votre jardin possède déjà des insectes qui vont attaquer les pucerons. La glue servira à couper la route des fourmis, qui ne pourra plus protéger le troupeau de pucerons. Mais, est-ce bien le cas dans votre potager ? Y a t’il des coccinelles, des hyménoptères, des mouche Leucopis ou autre insectes prédateurs des pucerons ?
De plus, avant de vouloir bloquer l’accès aux fourmis, prenez le temps d’observer.
Est-ce que les fourmis attaquent les pucerons, ou se nourrissent du miellat ?
Les pucerons représentent environ 10% de l’alimentation des fourmis, selon l’espèce de fourmis. Donc, il est important d’observer le comportement des espèces de fourmis qui sont dans votre jardin potager, mais aussi les espèces de pucerons. Si les fourmis mangent les pucerons, alors vous pouvez laisser faire. Si elles récupèrent le miellat, alors il faut intervenir.
La SEULE raison qui devrait vous pousser à “exterminer” une fourmilière
Même si les fourmis ne se nourrissent que rarement de vos fruits et légumes, il y a une situation où elles peuvent abîmer vos plantes.
En fait, elles ne font pas exprès.
Les plantes abîmées sont des dommages collatéraux.
Néanmoins, les faits sont là : certaines de vos plantes peuvent mourir à cause des fourmis.
Pourquoi ?
A cause de l’emplacement de la fourmilière.
Si la fourmilière est dans votre potager, pire, directement sur vos planches de cultures, alors là, il y a un réel problème.
Sans faire exprès (je suppose), elles vont abîmer le système racinaire de vos plantes quand elles creuses et cherchent à étendre l’intérieur de leur fourmilière.
Vous allez vous en apercevoir car les plantes présentes proches de la fourmilière vont commencer à mourir.
Dans ce cas-là, il n’y a qu’une seule chose à faire : les faire fuir.
Et la meilleure option, c’est d’inonder la fourmilière.
A l’aide de votre arrosoir complètement rempli, inondez la fourmilière.
Les fourmis qui ne meurent pas vont se déplacer.
Certains jardiniers qui ont testé disent que cette méthode n’a pas fonctionné. Mais ce n’est pas grave ! Répétez cette action plusieurs jours d’affilée si nécessaire. Vous verrez que rapidement, il n’y aura plus de fourmis.
Détourner l’attention des fourmis voleuses de graine
Vous avez semé vos petites graines de carotte. Mais, une horde de fourmis est toute proche. Que va t’elle leur arriver ?
En réalité, c’est tout à fait légitime de se poser la question, surtout si vous êtes en Corse, ou dans la moitié sud de la France.
En France, il y a une seule variété de fourmis granivores. Ce sont les fourmis Messor.
Pour être plus précis : d’après l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), « 1 seule espèce de fourmi Messor barbarus (Linnaeus) (fourmi moissonneuse) est strictement granivore et nuisible en France ».
Mais, cette fourmi n’est pas présente dans tout le territoire Français. j’ai trouvé sur un site* l’image suivante. Elle montre le territoire de ces fourmis moissonneuses.


Il y a deux cartes car il y a plusieurs types de messor. Ces deux cartes couvrent tout le territoire des différentes espèces de messor.
Bien sûr, ce n’est pas une représentation parfaite de leur territoire. Mais, ça donne une bonne indication, s’il faut vous inquiéter pour vos graines, ou pas.
Que faire si je suis dans une zone où les fourmis moissonneuses sont présentes ?
Si des fourmis Messor sont dans votre jardin, il va falloir faire attention. Bien que les fourmis moissonneuses récupèrent surtout les graines à la surface, vos graines semé peu profondément pourraient être une cible.
Au lieu de chercher à les tuer absolument, je vous propose quelque chose de plus simple : détourner leur attention.
Pour comprendre la solution, il faut comprendre les nutriments que recherchent les fourmis.
Les fourmis recherchent 2 sources de nourriture :
- le sucre : afin d’avoir de l’énergie pour se déplacer. C’est pour cette raison qu’elles protègent les pucerons par exemple. Car le miellat est très riche en sucre.
- des protéines : pour nourrir les larves des fourmis, afin de grandir. Ces protéines sont issues de cadavres d’animaux, par exemple.
Donc, l’alimentation principale de la fourmis lui fournit du sucre. Si vous souhaitez protéger vos cultures, il vous suffit de mettre des petits tas de sucre aux alentours de la fourmilière.
Ainsi, les fourmis vont privilégier le sucre à vos graines. Elles seront occupées pendant un bon moment avec le sucre. Vous pourrez surveiller à quelle allure le sucre est récupéré, et en ajouter si besoin. Quand les graines auront germé, il n’y aura plus de problèmes.
Analyser davantage la situation, avant d’agir sur le coup d’une (potentielle) mauvaise interprétation
J’espère qu’après lecture de cet article, vous aurez moins peur des fourmis qui sont dans votre jardin.
Souvent, mettre ses émotions de côté pour analyser calmement la situation permet de mieux la comprendre, et de mettre les bonnes actions en place.
Oui, je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire. Malgré le fait que j’écris ce conseil, je n’arrive pas toujours à l’appliquer dans ma propre vie, que ce soit au jardin ou dans ma vie en général.
Mais, je pense que nous pouvons nous mettre d’accord sur la conclusion.
En analysant la situation, on va voir le réel impact des fourmis. Cette analyse va nous permettre d’éviter de perdre du temps dans des actions inutiles.
Au contraire, mieux connaître la situation, et les fourmis, nous permet de diminuer les situations fâcheuses. En détournant l’attention des fourmis avec du sucre par exemple, on se protège des inconvénients des fourmis, nos graines poussent, et on a éviter de tuer sans raison.
L’autre avantage d’avoir une vision plus analytique, c’est qu’on cesse d’agir par inquiétude. En analysant les actions des fourmis, et des autres insectes, on apprend à mieux comprendre. En fait, en faisant ça, on se reconnecte un peu plus à la nature, car on prend le temps de se poser, et d’observer.
Bien entendu, je ne cherche pas à vous donner une vision bisounours. Quand il faut agir, il faut agir. Comme quand une fourmilière est dans votre potager, par exemple.
Mais, je pense qu’il y a une différence entre “je tue tout au cas où”, et “j’ai tout essayé pour éviter une situation désastreuse pour mon potager, et ça n’a pas marché. Maintenant, je dois attaquer les ravageurs”.
Téléchargez le résumé de cet article en renseignant votre email ci dessous.
Sources intéressantes :
- https://messor-fourmi.blogspot.com/2014/11/messor-structor.html
- http://ephytia.inra.fr/fr/C/7559/Info-Insectes-Importance-economique-et-agronomique
- https://www.myrmecofourmis.fr/
Belle et bonne journée à toi,
J'ai beaucoup apprécié ta façon d'aborder le problème des fourmis et te remercie infiniment de résoudre de m'aider à résoudre sans violence la cohabitation avec les insectes et nos peurs et nos réflexes violents.
Josuah
Un poème inspiré du printemps en partage
Poème léger en robe des champs.
C'était l'année des jonquilles
Petits soleils ébouriffés
Dans leurs collerettes froissées
Longues tiges de cristal soufflé
Dans le champ moussu qu'illuminent
Pommiers, pruniers et cerisiers
S'étiraient les vertes feuillées
Lançant leurs fleurs à la volée
Et le printemps sonnait trompette
D'un bout à l'autre de la planète
Mais, la neige, sans crier gare
Posa sa robe de mariée
Sur la prairie toute étonnée
Et s'étendit, nue et lascive
Sur le verger
Le printemps la roulât dans l'herbe
Soufflant sur elle sa tiède haleine
Elle fondit dans un râle charmant
Auquel l'oiseau joignit son chant
Par la prairie tendre et hilare
Il jeta sa feuille de vigne
Par dessus les branches fleuries
Et galopa comme un cabri.
Mars 2020
Je serai heureuse d'voir le résumé. merci. Josuah
Merci Anthony pour cette approche.
Oui les fourmis comme d'autres petites bêtes ont leur importance (ou en tout cas leur place) dans l'écho-système, la chaîne alimentaire… Ce que nous bipèdes, avons tendance à oublier du haut de nos 2 jambes…
Par contre, toute heureuse je viens d'avoir un petit bout de parcelle laissé en friche parmi plusieurs petits potagers urbains.
À force de désherbage manuel (oui oui désherbage avec mes 2 petites mains de citadine) je m'aperçois que toute ma parcelle (10m2 env) est sur une fourmilière géante !
C'est "Fourmiz" et "1001 pattes" réunis !
J'ai taillé les framboisiers, planté une menthe parmi les arbustes. Mais que de fourmis !
Je ne vais pas m'amuser à inonder ma parcelle, beaucoup trop d'eau pour rien, et pas très éco-responsable !
Donc ma question : avant de venir planter, que dois-je faire ?
D'avance merci pour votre aide.
Bel été
Sylvie