Consoude Permaculture : Ces 2 études qui prouvent ses bienfaits

Chaque élément du système de permaculture doit remplir plusieurs fonctions.

Si la permaculture vous intéresse, alors vous avez déjà entendu parlé de ce principe.

Et la consoude est l’exemple parfait pour l’illustrer.

Elle :

  • renforce les défenses naturelles des plantes en les revitalisant
  • augmente la qualité des légumes récoltés
  • soigne les maladies de peau des animaux
  • soigne les coupures
  • élimine les aphtes de la bouche

Et ceci n’est qu’un échantillon de ses bienfaits.

Sommaire

Mais, est-ce que tout ça est vrai ?

Quand on fait des recherches, on se rend compte que la consoude est vue comme une plante miracle.

Pourtant, j’ai trouvé très peu d’études qui pouvaient appuyer tous ces bienfaits.

Prenons l’exemple des coupures.

J’ai lu que la consoude aide à ce que les plaies se referment plus rapidement. Ce qui est probablement vrai, car la consoude contient de l’allantoïne. L’allantoïne favorise la multiplication cellulaire et active la cicatrisation de la peau.

Mais, est-ce que c’est une extrapolation, ou un fait avéré ?

Pire encore, quand on creuse, la consoude est considérée comme une plante cancérigène

Il ne faut absolument pas l’ingurgiter régulièrement. Elle contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques, qui sont toxiques pour le foie.

Après la couche superficielle des bienfaits de la consoude, j’ai commencé à douter de plus en plus de cette plante.

Jusqu’à ce que je tombe sur deux études qui me rassurent

L’avantage des études, c’est qu’on a des données chiffrées. Elles laissent toujours des questions sans réponse, mais permettent de renforcer nos certitudes sur certains aspects.

Ces études se concentrent sur l’impact de la consoude sur la croissance de nos légumes

Mais ce qui est intéressant, c’est qu’on va découvrir comment la consoude peut fortement améliorer notre vitalité … sans la manger.

C’est parti !

1/ Étude de sol avant / après la consoude

Ben Stallings est un permaculteur américain. Vous trouverez sur son site plus d’une dizaine de design en permaculture, pour vous inspirer. En 2014, il a écrit un article sur le site permaculturenews.org 1.

C’est très intéressant car Ben a publié 3 études de sol qu’il avait fait :

  1. quand il a ajouté un paillage de feuille morte (2 études)
  2. quand il a installé de la consoude dans son jardin (3 ans plus tard)

D’après lui, la consoude est un accumulateur dynamique de nutriments. Elle fait remonter les nutriments du sous-sol dans la couche arable du sol.

Encore du blabla ?

Jugez par vous même :

Pour résumer, il y a eu 2 phases. 

La première est l’étude de l’amélioration de la terre sur 2 ans, via un paillage de feuilles.

La seconde phase a été menée en faisant analyser le sol où pousse la consoude. 

Les résultat sont impressionnant :

  • 2009 : la cour avant a été recouverte de feuilles tout l’hiver. Les résultats : le pH plus équilibré, plus du double de matière organique, trois fois plus de nitrates et environ 50 % de phosphore et de potassium en plus.
  • 2011 : Le second test en montre une augmentation du niveau de nutriment, en continuant avec le paillage de feuille
  • 2014 : échantillon prélevé sous les plants de consoude : Le pH était encore plus équilibré, et un pourcentage de matière organique plus élevé que tous les échantillons précédents. Les niveaux de nutriments sont pratiquement hors normes – une augmentation de 47 à 232 % par rapport aux sommets observés précédemment

Les mesures ont été faites sur la base NPK : Azote, Phosphore et Potassium. Et sur cette base, l’utilisation de la consoude est totalement justifiée.

Quelle conclusion tirer de cette première étude ?

Déjà, on voit que les bienfaits de la consoude sont validés par une étude de sol. La consoude semble hors normes pour augmenter les valeurs NPK de son sol. 

Néanmoins, des questions restent en suspens :

  • Est-ce que ce sont vraiment les racines qui vont remonter tous ces bons nutriments ?
  • Ou, est-ce que ce sont les feuilles mortes de consoude qui fertilisent la terre ?

Bien sûr, les 2 sont intimement liés.

Mais si c’est majoritairement le travail des racines, c’est assez problématique. 

La consoude est une plante envahissante. Si vous la mettez dans votre potager, pour fertiliser le sol, vous risquez d’avoir du mal à vous en débarrasser. Surtout si vous implantez de la consoude “sauvage” (on en reparlera un peu plus bas).

De plus, combien de temps la consoude met pour faire remonter ces nutriments ? 

Si on l’utilise comme un engrais vert, entre deux cultures, aura t’elle le temps d’être bénéfique ?

Après cette étude, on sait que la consoude à un fort potentiel.

Mais, on a pas toutes les clés pour s’en servir au mieux.

Passons à la seconde étude.

2/ Étude comparative de plusieurs fertilisants, dans un sol peu propice à la culture

Cette étude est un mémoire qui a été publié en vue d’obtenir un Master 2 en biologie et écologie végétale 2, présenté devant la Dr. RAMANAMPAMONJY Nivohanintsoa, chef des laboratoires de physiologie végétale et de micropropagation.

C’est une étude où on va faire pousser des chou pak choï dans des pots, pendant 45 jours. Chaque pot sera fertilisé différemment.

(Cette étude à plusieurs objectifs. Mais dans cet article, on va se focaliser sur la consoude) 

Ils ont récupéré de la terre proche de l’université, et elle n’est pas propice à la culture. Ce qui est intéressant, c’est que les plantes ne pourront pas tirer profit des nutriments de cette terre durant l’étude. On peut donc directement voir l’effet des fertilisants.

Je cite :

La couleur rouge caractéristique du sol indique sa richesse en oxyde de fer et une pauvreté en éléments nutritifs, mais son pH très acide et sa CEC (ndlr: capacité d’échange cationique) faible le rendent encore plus défavorable pour une culture.

Voici les différents traitements qui vont être testé :

Les résultats  ?

Ils ne sont pas fameux, pour la consoude (de prime abord):

Le purin de consoude seul, ne permet pas, dans cette expérience, de faire pousser la plante.

Le Pak Choï ne s’est pas développé, comme vous pouvez le constater plus clairement avec cette image :

On peut voir que la consoude n’a pas permis à la plante de se développer.

A ce niveau là, que peut-on conclure ? La consoude ne sert à rien ?

Voici ce que dit l’auteur de l’étude : 

Avec 1kg de feuilles pour 10L d’eau, les résultats d’analyses ont montré que les purins de consoude et de chou ne présentent pas des valeurs fertilisantes et ont été incapables de remplir les besoins en éléments du pak choï, notamment avec l’azote dont la quantité nécessaire à la culture de pak choï est de 120kg d’azote/ha.

Bon, si l’étude s’arrêtait là, ça mettrait un sacré coup à la consoude, n’est-ce pas ?

Ce qui est intéressant à ce stade, c’est de constater que les purins seuls ne suffisent pas, surtout en sol ingrat. Cette affirmation n’est pas tout à fait vrai, mais on en reparlera après.

Par contre, en association avec d’autres éléments, ils peuvent faire des merveilles.

Car, dans cette étude, le pak choï qui a le plus performé était fertilisé à la consoude !

C’est le traitement T7 qui a été le plus productif avec un Pak Choï de 14 feuilles. Et ce traitement est un mélange de guano et de 200ml de purin de consoude (à chaque arrosage). Alors que sans la consoude, le Pak choï fertilisé uniquement au guano avait atteint “seulement” 12 feuilles.

Voici l’explication : 

Comme il a été mentionné dans les sections précédentes, les purins de plantes peuvent renfermer des substances oligodynamiques formés à l’intérieur des plantes elles-mêmes. Ceci pourrait expliquer le nombre de feuilles du traitement T7 qui est le plus élevé. Parmi ces substances, l’allantoïne est extraite de la consoude par l’intermédiaire du purin qui est apporté à la plante par arrosage. En effet, selon les résultats obtenus par des études antérieurs, ce composé agirait sur les cellules en favorisant leur multiplication. Ainsi en prenant en compte ce phénomène, les mêmes effets ont dû influencer la formation des feuilles d’où leur nombre élevé.

Ce qu’on peut en déduire, c’est que sur nos sols qui sont, pour la majorité, bien plus cultivables que le site de l’étude, le purin de consoude nous permet d’avoir des plants plus robustes, et vigoureux.

La question se pose aussi sur le purin utilisé. 

Est-ce que les choses auraient été différentes si la dilution du purin dans l’eau avait été plus faible ? Si on avait augmenté la dose de purin au-delà de ce qui a été fait durant l’expérience ? 

Je cite :

Même s’il y a ajout des purins, ces derniers ne possèderaient que des rôles potentialisateurs à cause de leur quantité très faible, apportée au cours de l’expérience. D’ailleurs, la teneur en azote des purins montrent des valeurs très faibles (consoude : 150,6 mg/l et chou : 124,6 mg/l d’azote)

Au-delà de cette vigueur donnée à nos légumes, c’est ce point qui me motive le plus à utiliser la consoude. Elle permet d’améliorer la qualité de nos légumes. Un légume sera beaucoup plus riche en nutriments, et impactera positivement notre santé. 

Les effets des purins ont été marqués au niveau de la qualité des produits, les teneurs en phosphore démontrent qu’avec l’association des purins, le produit est plus riche en phosphore.

Ici, ce ne sont que les valeurs NPK qui ont été mesurées. Mais, qu’en ai t’il des autres nutriments ?

Les plantes emmagasinent les nutriments qu’on leur donne. Plus on varie les purins et arrosages riches, plus on aura de légumes riches.

Ces deux études nous ont permis de cadrer un peu plus clairement les bienfaits de la consoude.

Convaincu ? Alors je vous propose de passer au paragraphe suivant, où on va voir quelle est la consoude la plus conseillée en ce moment.

Quelle consoude choisir ?

Il y a plusieurs variétés de consoude. 

Les 3 principales sont :

  • Consoude officinale (Symphytum officinale) : se trouve à l’état sauvage en Europe. Elle peut devenir très envahissante.
  • Consoude rugueuse (Symphytum Asperum) : D’origine orientale, elle est aussi très envahissante.
  • Consoude de Russie (Symphytum Peregrinum) : c’est un croisement des 2 précédentes. C’est celle qui est généralement conseillée, car elle est plus riche en nutriments, mais aussi en biomasse. 

Si vous ne voulez pas payer, alors vous pourrez chercher de la consoude dans la nature. Elle aime les endroits humides et les sols lourds. Néanmoins, acheter de la consoude de Russie vous demandera de payer une seule fois, et vous aurez de la consoude à vie. A vous de voir.

J’ai beaucoup lu que le cultivar Bocking 14 est celui qu’il faut privilégier. Il ne graine pas, donc est moins envahissant. Il est aussi plus riche en nutriments. Et, un très bon argument d’après mois, il produit une forte biomasse, qui vous sera très utile pour pailler votre sol, ou le fertiliser.

Comment utiliser la consoude ?

En Paillage

Pailler son jardin potager a de nombreux avantages.

Et le faire avec de la consoude, c’est un boost de fertilisation pour votre sol.

Si vous avez de la consoude qui produit beaucoup de biomasse, ça sera idéal.

En Purin / décoction

Ici, l’objectif est de retrouver les effets bénéfiques que l’on a vu dans la seconde étude. Un effet de boost sur nos plantes, pour les rendre plus robustes et résistants.

Le purin consiste à laisser macérer durant plusieurs jours la consoude. Puis, filtrer le mélange. Ce mélange, on va le diluer dans de l’eau, à raison de 1 litre de mélange pour 10 litres d’eau.

La décoction est plus rapide à concevoir. Il faut faire tremper les feuilles dans l’eau pendant 24 heures. Puis, on va porter à ébullition l’eau. On pourra ensuite arroser, comme avec le purin.

En pur jus

Le pur jus est censé être la meilleure façon d’utiliser la consoude. Le pur jus consiste à récupérer tout le jus qui sort de la consoude. 

Pour se faire :

  • coupez vos pieds de consoude. 
  • Mettez-les dans un bac.
  • Mettez quelque chose de lourd dessus (pierres, agglos, ce que vous avez sous la main).
  • Attendez (plusieurs semaines). 
  • Quelques semaines plus tard, vous pourrez récupérer le “pur jus” au fond du réservoir. 
  • Vous allez pouvoir l’utiliser, dilué dans de l’eau, pour fertiliser votre jardin.

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Vous avez maintenant une vision plus claire de la consoude.

Certes, cet article n’aura pas répondu à toutes vos questions. Néanmoins, vous avez des informations vérifiables. Les zones d’ombres sont encore présentes, mais vous avez maintenant certaines certitudes.

Et pour moi, la plus importante est qu’on améliore la qualité de notre nourriture.

Plus on donne de nutriment riches et variés à nos plantes, plus ils vont améliorer notre alimentation.

Quand on sait que nos fruits et légumes d’aujourd’hui sont très pauvres en nutriments, c’est pour moi la clé pour améliorer notre santé que de fertiliser nos plants avec de la consoude, et tout ce qui permet de nourrir nos plantes de manière variée.

Sources intéressantes :

  • 1 : https://www.permaculturenews.org/2014/03/18/comfrey-really-improve-soil/
  • : http://biblio.univ-antananarivo.mg/pdfs/andriamaheryTsilavoR_SN_MAST2_16.pdf
  • https://www.un-jardin-bio.com/ebook/livre-blanc-consoude-plante-m%C3%A9dicinale.pdf

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